Alternance : l’Insee redoute la suppression de 65 000 contrats d’ici fin 2025

L’institut statistique alerte dans sa dernière note de conjoncture : la réduction des aides publiques aux entreprises menace fortement l’emploi des jeunes en alternance et pourrait relancer la hausse du chômage.
L’Insee tire la sonnette d’alarme. Dans une analyse publiée jeudi 11 septembre, l’organisme estime qu’environ 65 000 contrats en alternance pourraient disparaître d’ici la fin de l’année. La raison principale : le désengagement de l’État dans le financement de l’apprentissage, qui fragilise les embauches.
Depuis le 1er juillet 2025, les primes accordées aux entreprises pour recruter un apprenti ont été largement diminuées. De plus, un reste à charge obligatoire a été introduit : les employeurs doivent désormais contribuer à hauteur de 750 euros pour la formation des étudiants inscrits au-delà du Bac +3.
Cette décision passe mal auprès des chefs d’entreprise, qui avaient salué l’essor de l’apprentissage en France. Entre 2017 et 2025, près de 870 000 jeunes avaient ainsi trouvé un contrat en alternance. Mais le coût pour les finances publiques — plusieurs dizaines de milliards d’euros par an — a poussé Bercy à resserrer la vis, comme le réclamaient régulièrement la Cour des comptes et certains économistes.
Des recrutements en berne à la rentrée
L’impact de ces mesures se fait sentir dès la rentrée universitaire. Traditionnellement, septembre et octobre sont les mois où les entreprises renouvellent ou non leurs contrats d’alternants. Mais cette année, face aux incertitudes politiques et économiques, beaucoup de patrons préfèrent geler leurs recrutements.
« Un alternant, il faut pouvoir l’occuper », rappellent certains dirigeants. Or, avec des carnets de commandes instables, ils choisissent souvent de ne pas prendre de risque. Le même phénomène s’observe dans l’intérim, qui se contracte nettement ces dernières semaines.
Vers une remontée du chômage
Ces arbitrages pourraient peser lourd sur l’emploi. L’Insee rappelle que l’apprentissage a représenté près d’un tiers de la baisse du chômage constatée ces dernières années. En conséquence, une remontée du nombre de demandeurs d’emploi paraît inévitable.
L’institut s’inquiète d’ailleurs d’un risque de destructions d’emplois à un niveau inédit depuis dix ans — hors période exceptionnelle du Covid. Pour mémoire, le taux de chômage en France, calculé selon la définition du Bureau international du travail (BIT), s’établit actuellement à 7,5 %.